Ecrit le 17/07/2018 par Gilles de Troy

 vernissage soggy

« Allo Gilles, c'est le Paka, on organise une soirée de vernissage du documentaire qu'Olivier HENNEGRAVE a fait sur SOGGY et le BEB et on aurait aimé t'inviter pour la soirée, ca sera le 13 juin ». Bon, en fait ça c'est la version courte, sacré personnage le PAKA, un vrai passionné, discret mais très loquace dès qu'il s'agit de sa passion pour le Hard, a fortiori quant il s'agit de ses frangins de SOGGY, le genre de mec à vouloir déplacer des montagnes ... et à y arriver parce qu'il a la foi.

Mercredi 13, 19h45 , me voilà donc devant le BADABOUM, près de Bastille, le Paka est à l'entrée se démenant pour que tout se passe au mieux. La salle se remplie rapidement, l'occasion de retrouver plusieurs têtes connues, dont Georges BODOSSIAN et Stef REB, d'OCEAN, Sylvain COTTE de GANG (et bien sur UNDERGROUND INVESTIGATION), ainsi que Reynald et Thalie, avec qui nous avions parlé de cette soirée une semaine plus tôt lors du concert mémorable d'OCEAN à LA DAME DE CANTON.

Le temps de repérer les lieux, de parler un peu avec un BEB sous tension et euphorique, la soirée s'ouvre avec la projection du Rockumentaire « SOGGY, un truc de dingue », l'histoire d'un groupe de potes qui se brûlent les ailes en 82 après avoir secoué pendant 4 ans la Champagne avec leur version frenchie du son de Detroit. Le groupe tombe alors dans un quasi oubli jusqu'en 2008 où la sortie sur le label « Mémoire neuve » (qui a également sorti l'excellent vinyle de TNT, entre autres) d'un LP commémoratif relance la machine, la vidéo de leur passage sur FR3 avec « Waiting for the War » devient virale et arrive jusqu'aux Etats-Unis, plus exactement jusqu'à l'écran de Josh LANDAU, chanteur/guitariste de THE SHRINE.

Séduit par le titre et le charisme du chanteur, il fait rapidement écouter le titre aux autres membres, le thème leur parle, et nos californiens décident de reprendre la composition des Rémois sur leur nouvel album.

THE SHRINE invitent par la suite BEB à monter sur scène avec eux à l'occasion de leur passage au TRABENDO, 4 jours après l'attentat du BATACLAN. Autant dire que "Waiting for the War" prends une dimension plus profonde pour tous, la charge émotionnelle étant particulièrement forte.

Cette invitation à rejoindre le groupe sur scène est reconduite pour le DOWNLOAD, le HELLFEST, et enfin au HARD ROCK HOTEL de Las Vegas,

« un truc de dingue » pour notre jardinier Rémois qui avait depuis longtemps remisé toute ambition "Rock n' rollesque". Cerise sur le gâteau, il enregistre un nouveau titre avec ses potes de THE SHRINE et programme une renaissance de SOGGY.

D'aucun compareront ce film à « this is ANVIL » (j'ai déjà lu des commentaires en ce sens), voire à quelques vidéos hagiographiques hexagonales fantasmant l'importance d'un groupe ou d'un musicien dans l'évolution du Metal Français.

En fait, hormis raconter l'histoire d'un come back, SOGGY « Une histoire de dingue » n'a pas grand-chose en commun avec ce type de biopics promotionnelles. Ici aucune complaisance et aucune « légende » réinventée, pas de pleurnicheries sur « un groupe maudit » qui « aurait pu ». Olivier HENNEGRAVE réussit le tour de force de parler de sa propre histoire et de celle de BEB sans tomber dans le nombrilisme, le pathos ou l'autopromotion, des faits, une légère dose d'humour et une grande part de sincérité et de plaisir partagé en font un vrai documentaire Rock, parfaitement réalisé.

Il faut dire que BEB est un sujet de choix, un mec atypique, même pour un Rocker, dont le talent dépasse son image d'Iggy POP français, à la fois drôle, passionné et passionnant. Là où certains s'autoproclament « parrain » de tel ou tel style, jouent les éternels incompris ou s'acharnent à « laisser une trace » en répétant ad nauseum les mêmes histoires, fort du principe voulant qu'un mensonge suffisamment répété soit le réalité de demain (sic), BEB se contente d'être lui même, d'aller là où le vent a bien voulu le mener et d'apprécier les bonus que la vie lui offre. Un gars qui vit enfin son rêve, et qui le partage.

Vous l'avez compris, j'ai adoré ce film qui est exactement le genre d'archives qui manque au Hard / Metal français, alliant professionnalisme et honnêteté . Un film qu'il me faudra absolument en cas de sortie DVD et que je ne pourrais que vous inciter à voir et revoir.

L'écran est ensuite enlevé pour laisser place sur scène au groupe Marnais GUTTER KIDS, power trio efficace doté d'un son puissant qui chauffe la salle sans problème avant d'être rejoint par Josh LANDAU, le frontman de THE SHRINE lui-même, venu spécialement en France pour l'événement, puis par un BEB survolté, totalement déchaîné en fin de set sur «I wanna be your dog » puis « Waiting for the war ». La complicité entre le jeune musicien californien et le chanteur de SOGGY est évidente, le plaisir d'être sur scène aussi, le set est court mais intense, et donne envie d'en entendre plus.

La renaissance de SOGGY à travers l'aventure de BEB est réellement un truc de dingue, de cette folie spontanée et régénératrice qui fait du bien, et manque au quotidien.

Merci encore à Pascal, Olivier, Beb, Josh, et à l'équipe de SPICEE (qui fétait ses 3 ans) pour cette soirée qui, en mettant SOGGY à l'honneur, rappelle que l'underground est un vivier de talents et qu'il se passe d'autres choses en France que la Nième reformation de TRUST ou les quelques « places to be » qui monopolisent notre faible exposition médiatique.